C'est comme une valse où moi seule entend la musique, 

que je danse, que c'est logique, 

mais que de votre vue c'est étrange.

Vous n'entendez rien et ne pouvez imaginer. 

J'attend sagement que quelqu'un de sérieux vous le dise : 

j'entend cette musique qui me pousse à agir autrement.

Jusque là je n'avais même pas conscience 

que si j'étais différente c'étais parce que cette musique était là. 

Aujourd'hui je la vois, je l'entend, je la discerne.

J'apprend consciemment  à faire comme vous.

Mais c'est épuisant d'être comme 90% d'entre vous.  

Cela fait peu de temps que je sais une chose : je peux être moi.

C'est si évident ? Non, toutes ces secondes on m'a dit de me conformer.

Rentrer dans un moule, s'asseoir correctement, ne pas être sur la pointe des pieds,

ne pas faire d'histoire, ne pas être une chochotte. 

Aujourd'hui je valse. J'adore. 

Je n'ai pas encore de preuves officielles

pour que vous compreniez, que vous acceptiez.

Je dois encore attendre quelques mois pour vous le faire lire noir sur blanc.

Mais c'est pas grave puisque désormais je sais 

que toutes ces peines, ces scènes irréalistes étaient bel et bien réelles

Je n'ai rien imaginé.

Et pire, je sais désormais qu'elles étaient cruellement injustes, 

que ce n'était que le reflet de votre normalité, 

et votre refus d'un monde qui valse d'un mot à l'autre.